Il est grand temps de reconsidérer la manière dont nous structurons l’éducation des jeunes enfants, que ce soit en crèche ou à l’école maternelle. La France demeure le dernier pays européen à maintenir une séparation nette entre les 0-3 ans et les 3-6 ans. Mais à quoi rime une telle barrière ? Cette distinction rigide ne reflète ni les besoins réels des enfants ni les possibilités offertes par nos professionnels qualifiés, comme les éducateurs de jeunes enfants (EJE), aptes à intervenir aussi bien en structures d’accueil qu’à l’école.
Certains pédagogues comme Célestin Freinet, pionnier d’une pédagogie novatrice, l’avait bien compris. Il appelait à réinventer les valeurs scolaires à travers une approche ancrée dans l’expérience, le bon sens, et la vérité de l’enfant. Son héritage demeure d’une actualité brûlante : on ne peut dissocier l’apprentissage du développement global de l’enfant.
C’est précisément ce que propose la libre exploration éducative : elle invite les enfants à découvrir et expérimenter le monde avec leur corps et leurs cinq sens. Les jeunes enfants sont des explorateurs nés ! Il appartient aux adultes de créer un cadre sécurisé et bienveillant, riche en repères structurants, pour leur permettre de devenir acteurs de leurs apprentissages.
Il est temps d’inscrire la petite enfance dans un continuum éducatif global et de rassembler enfin la petite enfance sous un même projet éducatif de 0 à 6 ans, pour donner à chaque enfant la chance de grandir pleinement et de construire l’avenir.
Alors, qu’attendons-nous ?
Martine de Gainza – Philippe Duval